- Maman, raconte-nous une histoire !
- D’accord ! Mais une seule, il est tard. Vous irez vous coucher après c’est une obligation, vous avez vu l’heure… Et elle commença :
« Après avoir mis leurs enfants au lit, Bernard et Blanche s’étaient installés au salon. Ce fut à ce moment-là, qu’ils entendirent toquer à la baie vitrée. C’était une chouette ! Ils ouvrirent la fenêtre…
- Je suis Archimède, la chouette de Merlin l’enchanteur. J’ai entendu quelqu’un appeler à l’aide et me voilà. Suivez-moi dans le jardin, vite !
Ils enfilèrent rapidement un manteau et suivirent l’oiseau intrigués. Une masse rouge gisait sur le sol enneigé… Ils s’approchèrent. C’était un vieil homme qui gémissait.
- Eh bien, mon ami, vous vous êtes égaré après votre prestation de père Noël au supermarché ! S’exclama Bernard.
- Je ne suis pas un de ces fantoches. Je suis le vrai Père Noël. S’écria celui-ci.
A ces mots, un traineau tiré par huit rennes apparut enveloppé d’une lumière dorée. Le couple éberlué admirait ce tableau magique.
- J’ai demandé à Archimède de vous quérir car je vous sais médecin et ma jambe est très douloureuse. A un tel point, que je n’arrive pas à me relever.
Bernard l’ausculta et lui annonça :
- Vous avez la jambe cassée. Comment avez-vous fait ça ?
- Un virage un peu trop serré et hop je suis tombé par terre… Quel malheur ! J’ai encore toute ma tournée à finir !
- Ne vous inquiétez pas ! Intervint le volatil, vous trouverez une solution, comme toujours. Je rejoins mon maître. Au revoir et bonne chance. Ce fut dans un boum étouffé qu’il disparut.
- Tout d’abord, nous allons vous conduire au chaud. Annonça Bernard d’un ton autoritaire.
Bernard et Blanche l’aidèrent à se redresser et à marcher jusqu’à chez eux. Là, ils l’installèrent sur le canapé et lui mirent la jambe surélevée sur un tabouret.
Le plancher était jonché de livres pour enfants. Le Père Noël s’exclama :
- Je vois que vos loupiots aiment la lecture.
- Oui. Répondit Blanche. Ils ont leurs histoires préférées et, comme toujours, avant d’aller se coucher la veille de la Noël, ils ont l’habitude de s’installer par terre, auprès de la cheminée, pour s’imprégner de l’esprit de cette fête. Je vais ranger leur bric à brac, après avoir prévenu l’hôpital de votre arrivée.
- Je peux m’en servir avant ? Pour cela, j’ai besoin de vous. Tapez dans vos mains trois fois.
Ils obéirent sans chercher à comprendre. A « cet appel », des personnages en papier se décollèrent et vinrent rejoindre le vieil homme. Il y avait : Peter Pan avec la fée clochette, les trois fées de la B elle au bois dormant, la marraine et les souris de Cendrillon et les sept nains de Blanche Neige.
- Mes petits amis, j’ai besoin de vous. Je suis blessé et je ne peux achever ma tâche. Vous allez distribuer les joujoux à ma place. Les rennes connaissent l’itinéraire, vous n’aurez qu’à vous laisser guider…
- Nous sommes trop petits pour tenir les rennes ! S’exclama Peter Pan.
- Voyons… Bernard conduira ! N’est-ce pas ?
- C’est impossible, si les enfants me voient, ils se rendront compte de la supercherie ! Expliqua-t-il.
- Qu’à cela ne tienne. Nous allons échanger nos places, de cette façon deux solutions seront réglées : mon apparition à l’hôpital et celle auprès des bambins espiègles qui guettent toujours mon arrivée derrière les rideaux de leurs fenêtres. Il claqua des doigts et ils se transformèrent simultanément. A la grande surprise des adultes médusés. Oui, je sais que vous, les grandes personnes, ne croyez plus en moi. Ce n’est pas le cas de tous les enfants de la terre. Merci, de bien vouloir me remplacer en ce jour de paix. Au fond de votre cœur, vous avez gardé la trace de mon passage dans votre enfance et vous avez perpétré la tradition de génération en génération… Ce n’est pas tout ça, vous allez vous mettre en retard. Allez ouste, partez vite et bon voyage !
Toute la troupe embarqua.
- Comment s’envoler ? Demanda Bernard perplexe déjà assis sur le siège avant.
- Comme toujours en disant : Oh ! Oh ! Oh ! A ces mots, l’attelage partit d’un bond en direction du ciel étoilé.
A chaque halte, Peter Pan faisait le guet pour rendre le traineau invisible en jouant de la flûte si un enfant montrait son museau devant une vitre. Les souris et la fée clochette s’engouffraient dans les tuyaux des chauffages électriques ou à gaz. Comme par magie, les jouets étaient tout petit, le travail était aisé. Pour les autres, les nains aidés par les autres fées, qui leur éclairaient la route, se jetaient dans les cheminées avec allégresse.
Ils voyageaient à la vitesse de la lumière et visitaient des pays magnifiques. A bord du vaisseau, régnait la bonne humeur et les blagues fusaient. Tout le monde s’amusait. Les commissionnaires avaient même fait un pari sur celui qui mettrait le plus de cadeaux en place.A la fin de leur périple, ils rejoignirent le Père Noël.
Blanche décrivit la surprise de l’équipe des urgences de voir leur médecin débarquait avec une jambe cassée et ils durent, lui et Blanche, usaient d’humour pour qu’elle ne s’aperçut pas de l’échange des personnes. Elle voulait même garder le blessé en observation, mais le « docteur » expliqua qu’il voulait assister au déballage des cadeaux de ses enfants. Elle les laissa partir avec le don d’une paire de béquilles pour aider le blessé à se déplacer. Blanche eut du mal à garder son sérieux quand les urgentistes appelaient son protégé : « docteur ». En bref, tout s’était bien passé…
Bernard fit son rapport à son « employeur » et lui posa une question :
- Comment avez-vous réussi à rétrécir les paquets et à leur rendre leurs formes une fois déposer dans les souliers ou les chaussettes des chérubins ?
- C’est la magie de Noël !!! Et puis, comment voulez-vous que je transporte toute cette marchandise dans mon traineau, il n’est pas extensible… Il riait de la naïveté de son comparse… Il claqua des doigts et ils échangèrent à nouveau leur aspect physique.
- Que diriez-vous d’un bon chocolat chaud ? Tout le monde acquiesça. Mesdames, à vos baguettes.
Les fées firent apparaître une nappe en dentelle, des tasses immaculées emplies de chocolat chaud, des gâteaux et des friandises. Des bougies illuminaient cette soirée et des étoiles flottaient dans la salle. Un vrai goûter de fête où les rires et les jeux retentissaient dans la pièce.
- Eh bien ! Mes petits amis maintenant que vous vous êtes restaurés, vous devez rejoindre vos images respectives. Le père Noël s’emmitoufla de son écharpe d’un geste ample et ils retournèrent tous dans les pages des ouvrages. Puis il cligna des yeux et les livres rejoignirent la bibliothèque.
- J’ai une question a vous poser : nous n’avons su où poser les six paquets restants. A qui devions-nous les remettre ?
- Six cadeaux comme vos six enfants !!! Il se gratta le nez et ils apparurent dans les souliers rangés sous le sapin, sous les yeux écarquillés des parents. Le père Noël les gratifia d’un large sourire et, trottina jusqu’à son « véhicule » accompagné par Bernard et Blanche qui l’aidèrent à s’installer. Du haut de son siège, il les salua et leur dit :
- Regardez dans votre boîte aux lettres et vous y trouverez une surprise. Merci encore pour votre hospitalité !
Il s’envola laissant une traînée d’étincelles dorées qui écrivit « Joyeux Noël ».
Le couple s’en retourna et, en passant, vérifia son courrier. Bernard et Blanche trouvèrent une lettre qui leur annonçait que le prêt de leur maison était entièrement remboursé. Un cadeau magnifique qui leur permettrait d’envisager l’avenir d’un cœur léger. »
- Voilà, l’histoire est finie. Annonça la maman à ses enfants qui lui répliquèrent en riant :
- Chouette, ton histoire, maman. Seulement, il y a longtemps que nous ne croyons plus au père Noël.
- Ah oui !!! Eh bien, allez dans le salon. Zou !
Ils quittèrent la chambre de leur maman et dévalèrent les marches pour découvrir sous le sapin leurs souliers bien garnis et, sur la tablette de la cheminée, le plâtre d’une jambe où étaient inscrits en lettres rouges : Joyeux Noël et Paix sur la terre.